RÉUNION DIRIGEANTS / SUPPORTERS SUR L’AVENIR DU STADE BAUER
(Photos Gérard VALCK)
En bref :
Contrairement à ce que l’on a pu lire, ça et là, dans la presse et sur Internet, le Collectif Red Star Bauer et la majorité des supporters présents samedi ne sont sortis de cette réunion ni surpris, ni résignés !
Pas surpris, en effet, car la position du Président HADDAD est conforme à celle que nous lui avons toujours connue : déterminé à quitter Bauer pour les Docks, mais incapable de l’assumer franchement devant les supporters.
Pas résignés, non plus, car le Président HADDAD bluffe assez largement : tant sur la rentabilité économique de son projet que sur le contexte politique local, soi-disant très favorable à un déménagement aux Docks.
La partie est donc loin d’être perdue pour la défense de Bauer. Au contraire, elle ne fait que commencer puisque le Président HADDAD accepte, enfin, de jouer cartes sur table !
Plus de détails :
Au cours de cette réunion, le président HADDAD a tout fait pour nier l’existence d’un conflit entre la direction de Club et les défenseurs du stade Bauer.
Selon lui, en effet, un éventuel départ du Red Star vers les Docks ne résulterait pas d’une volonté du Club mais d’une contrainte imposée par l’actuelle Maire de Saint-Ouen et par des constructeurs, qualifiés de « prédateurs », lorgnant sur les terrains d’assiette du stade Bauer et appuyés, en coulisses, par la Maire.
Toujours selon le récit du Président HADDAD, dans ce contexte, c’est la présence même du Red Star à Saint-Ouen qui serait en péril et, plus globalement, la survie du Club. Face à un tel danger, le club aurait donc dû, avec grand regret, envisager un départ vers les Docks, dans lesquels 6 hectares sont justement disponibles.
Le Président HADDAD a, ainsi, déclaré que si la municipalité lui permettait de réaménager le stade Bauer conformément à ses besoins, il l’accepterait avec joie et laisserait tomber son projet d’Arena aux Docks. Mais, selon lui, l’exécutif actuellement en place ne prendra malheureusement jamais une telle décision.
En gros, pas de quoi se fâcher ! Partons tous vers Docks, main dans la main, « en famille » !
Le Collectif Red Star Bauer n’est absolument pas convaincu par ce récit du Président HADDAD.
Précisons, tout d’abord, qu’il est vrai que l’idée d’un départ du Red Star, de Bauer vers les Docks, avait initialement été émise par la Ville et non par le club.
Toutefois, cette question n’a, à ce jour, jamais été discutée au conseil municipal. Si un tel déménagement a, certes, été envisagé par la Ville, il n’a, en revanche, absolument pas été acté, contrairement à ce que M. HADDAD laisse entendre.
En outre, lors de notre rencontre avec la majorité municipale, le 8 avril dernier, les élus présents, y compris Madame la Maire, nous ont indiqué leur ouverture d’esprit pour les deux options, précisant qu’il était encore trop tôt pour trancher dans un sens ou dans l’autre (voir notre compte rendu de cette rencontre).
Dans cette logique, la Ville a annoncé, fin juin dernier, qu’une étude serait prochainement lancée afin de vérifier la faisabilité du projet de rénovation du stade Bauer, porté par notre association (voir notre article à ce sujet).
Par ailleurs, la veille même de la réunion de samedi, M. Henri LELORRAIN, conseiller municipal en charge des sports, a adressé au Président HADDAD un courrier (disponible ici) dont le contenu discrédite totalement la version des faits de M. HADDAD.
M. LELORRAIN indique ainsi, notamment :
« Je me permets de vous rappeler que c’est au conseil municipal, à la fois propriétaire du Stade Bauer mais aussi instance de décision locale, d’accorder ou pas un permis de construire dans la zone d’aménagement des Docks et de décider finalement de l’avenir du Stade Bauer.
Ainsi, c’est à partir de la consultation la plus large possible de la population avec mise à disposition des éléments techniques et financiers puis l’étude et la comparaison des différents projets existants ou à venir que la municipalité, et elle seule, pourra dire dans quel stade le Red Star doit être appelé à évoluer de façon pérenne.
Je me permets donc de vous appeler à la plus grande prudence et de ne rien annoncer lors de cette réunion, puisque rien n’est décidé. »
Enfin, lors de la réunion de samedi, M. Karim BOUAMRANE, Président du groupe socialiste à Saint-Ouen, a indiqué que son groupe (qui constitue une composante importante de la majorité municipale) était favorable à un maintien du Red Star dans un stade Bauer rénové et adapté aux ambitions du Club.
Il a, en outre, indiqué que la préservation du stade Bauer était dans l’intérêt du quartier, afin d’y maintenir ce pôle d’attractivité.
Tous ces éléments indiquent clairement que le maintien du Red Star à Bauer pouvait et peut, aujourd’hui plus que jamais, être défendu auprès de la Ville qui montre clairement des signes d’ouverture sur ce sujet.
Or, pas plus hier qu’aujourd’hui, le Président HADDAD n’a essayé, contrairement au Collectif, de convaincre les élus de rénover Bauer, ni n’a travaillé sur un projet de rénovation qu’il aurait pu soumettre à la Ville.
Interrogé sur ce point, le Président Haddad a très clairement laissé entendre que s’il avait agi de la sorte, il aurait pu craindre que la Ville le prive de sa subvention municipale annuelle et le chasse du stade Bauer, voire de Saint-Ouen.
Nous ne sommes, là encore, absolument pas convaincus par cette théorie pour le moins farfelue. Nous considérons que le Président HADDAD aurait eu toute légitimité à affirmer, poliment mais fermement, qu’il préférait rester à Bauer, sans pour autant craindre de telles mesures de sanction de la part de la Ville de Saint-Ouen.
A une toute autre échelle, par exemple, le Collectif, qui milite activement contre un départ de Bauer, n’a, à ce jour, jamais été sanctionné, ou menacé de l’être, par la Ville. Nous sommes, ainsi, toujours subventionnés, nous occupons toujours un local municipal et nous obtenons fréquemment des mises à disposition de locaux ou de matériels pour les divers événements que nous organisons.
Le Président HADDAD essaie donc, grossièrement, de faire porter toute la responsabilité d’un éventuel déménagement aux Docks sur la Ville de Saint-Ouen, en premier lieu, sur son Maire.
Le Président HADDAD ne nous a, donc, absolument pas paru crédible dans le rôle de victime qu’il a tenté de jouer samedi dernier, car il est bel et bien le principal, voir le seul, promoteur d’un projet de stade aux Docks. Projet qu’il a tenté de vendre à un parterre d’investisseurs (les fameux « prédateurs »), en décembre dernier, puis aux élus de la majorité, en avril dernier, et enfin, aux supporters, ce samedi.
Rappelons, enfin, que le Collectif Red Star Bauer n’a jamais été soutenu, le moins du monde, par la direction du Red Star dans son combat pour la défense de Bauer. Nous ne pouvons, par conséquent, pas laisser passer l’idée, parfaitement mensongère, selon laquelle le Président HADDAD serait, comme nous et tant d’autres, sincèrement attaché à ce lieu unique et mythique.
A ce titre, nous vous invitons à lire le courrier que M. Bernard DUBOIS, de l’Amicale Red Star 2000, vient d’adresser à la Maire de Saint Ouen (disponible ici).
Sur le fond du dossier, l’argumentation du Président HADDAD ne repose que sur des affirmations péremptoires qu’il n’est pas capable de démontrer.
Le Président HADDAD a, tout d’abord, affirmé qu’un agrandissement de Bauer, au-delà de 15 000 places coûterait environ 80 millions d’euros, soit autant que la construction du stade de 20 000 places qu’il projette aux Docks. Cette affirmation, qui nous paraît totalement dénuée de bon sens, ne résulte d’aucune étude et ne peut donc être prise en compte. Nous demandons, pour notre part, un chiffrage de notre projet, pour pouvoir en débattre en toute connaissance de cause.
Le Président HADDAD a ensuite prétendu qu’aucun investisseur privé n’accepterait de financer la rénovation d’un stade qui demeurerait municipal. Or, n’ayant jamais engagé la moindre négociation en ce sens avec aucun constructeur ou investisseur, le Président HADDAD ne peut faire la preuve de cet argument.
Le Président HADDAD a également estimé qu’aucun sponsor ne pourrait jamais soutenir un club de Ligue 1, évoluant dans un stade municipal. Rappelons qu’à ce jour, tous les clubs de première division évoluent dans des stades appartenant à des collectivités publiques. On ne voit, de toutes façons, pas le lien entre la propriété du stade et la présence de sponsors pour le club.
Le Président HADDAD a également affirmé que le Red Star ne pourrait être réellement autonome dans un stade appartenant à la Ville de Saint-Ouen car il risquerait d’être, sans cesse, soumis aux « influences des politiciens », ce dont il veut se libérer. Là encore, le Président HADDAD n’a, à notre connaissance, jamais tenté de négocier, auprès de la Ville, un cadre contractuel permettant une utilisation du stade partagée, entre le club et la Ville.
Il pourrait, pourtant, s’inspirer du modèle préconisé par un récent rapport parlementaire, sur lequel nous reviendrons un peu plus loin.
Enfin, l’auditoire est resté sans voix lorsque le Président HADDAD a déclaré que le club devait être propriétaire de son stade, afin que celui-ci demeure « apolitique et laïc » !
Face aux critiques dirigées contre les différents projets de grands stades, le Président HADDAD a botté en touche en déclarant qu’aucun projet n’était comparable au sien. Rien que ça !
Le Président HADDAD a ainsi prédit l’échec économique, en plus du stade du Mans, des stades de Lille, Nice, Lyon et Nanterre. Selon le Président HADDAD, son projet est totalement différent car il est 100 % privé (contrairement au Mans, Lille et Nice) et car il n’est pas basé sur le modèle de stade multifonctions (contrairement à Lyon ou Nanterre) et qui est, selon lui, « un leurre » (les dirigeants concernés apprécieront la leçon…).
Le projet présenté samedi se compose, ainsi, de deux parties : un stade de 20 000 places (coût : 80 millions d’euros) et une salle de spectacle couverte distincte, mais reliée au stade (coût : 120 millions d’euros).
Le Président Haddad affirme être sûr de la rentabilité financière de son projet car, d’une part, comme chacun le sait, le Red Star sera en Ligue 1 en 2020 et disposera d’une affluence d’environ 15 – 20 000 personnes…, et d’autre part, car le promoteur de spectacles Live Nation, lui a promis-juré qu’en cas de réalisation d’une Arena aux Docks, il lui assurerait au moins 100 dates par an !
Nous pensons, pour notre part, que l’avenir sportif est aussi incertain que les promesses d’un organisateur de spectacles qui a tout intérêt à encourager la construction d’un maximum de salles dans la région pour mettre celles-ci en concurrence.
Le Président HADDAD ne nous aura ainsi pas convaincus de la nécessité d’édifier, d’un seul coup, un stade de 20 000 places, plutôt qu’un agrandissement de Bauer par tranches, comme nous le préconisons.
Il ne nous aura pas, non plus, convaincus de la rentabilité de l’équipement projeté.
En effet, les recettes qui seraient dégagées par l’équipement seraient destinées à en payer les coûts de fonctionnement qu’on imagine colossaux et, surtout, à rembourser et rémunérer les investisseurs qui auraient avancé les (au moins) 200 millions d’euros de coûts de construction.
Par conséquent, même dans la plus optimiste des hypothèses, le Club devrait attendre plusieurs décennies avant de pouvoir vraiment disposer d’un stade, amorti financièrement, lui procurant des bénéfices pouvant être injectés dans le projet sportif.
Plus globalement, le projet défendu par le Président HADDAD nous paraît s’inscrire dans une vision de grand équipement privé qui bat d’ores et déjà de l’aile et qui, à défaut de soutien bancaire, finit toujours, d’une manière ou d’une autre, par solliciter des soutiens financiers publics.
Nous pensons donc, pour reprendre le terme du Président HADDAD, que son projet s’inscrit dans le même « leurre » que les stades de Lyon, Nanterre ou Le Mans.
Le Collectif Red Star Bauer invite donc les élus de Saint-Ouen et la Direction du Red Star à s’inspirer pleinement du récent rapport parlementaire sur le fair-play financier européen et son application au modèle économique des clubs de football professionnel français.
Ce rapport d’information de la Commission des affaires culturelles et de l’éducation de l’Assemblée nationale, en date du 3 juillet 2013 (disponible ici), énonce, notamment, que :
« La propriété publique d’un stade n’est pas pénalisante pour les clubs, sous réserve qu’ils puissent maîtriser son exploitation et qu’elle préserve la possibilité, pour les collectivités locales, de programmer chaque année un minimum d’événements dans l’enceinte.
La solution réside dans des partenariats intelligents entre les collectivités propriétaires et les clubs utilisateurs, à l’instar de ce qui a été conclu entre l’agglomération du Havre et le club HAC pour le stade Océane. […]
Un tel équilibre est de bon sens lorsque le club s’entoure des compétences nécessaires à la gestion commerciale de l’infrastructure. Le droit français offre un certain nombre de dispositifs à la disposition des clubs et des collectivités locales pour associer les premiers à l’exploitation des stades. […]
La mission estime que compte tenu de l’enjeu que constitue la maîtrise de l’exploitation des stades pour les clubs, il convient d’utiliser tous les moyens juridiques disponibles à cet effet. Cela ne doit pas faire obstacle à une réflexion approfondie sur les contours d’un nouveau mode de relation entre les clubs et les collectivités territoriales qui permettrait de garantir aux premiers une relative autonomie dans l’exploitation des infrastructures, tout en assurant aux collectivités un « droit de regard » sur leurs conditions d’exploitation. […]
Les personnes que nous avons entendues ont, dans l’ensemble, estimé qu’il faudrait aller dans le sens d’une propriété des stades par les clubs. En pratique, cela est quasiment impossible, hormis à Lyon et, peut-être plus tard, à Paris. »
Ce rapport nous semble plein de bon sens et poser les bases d’un modèle durable, équilibré et concerté du football professionnel, répondant aux besoins des clubs, des collectivités et des citoyens, notamment des supporters.
Et qui d’autre en France, que le Red Star, Saint-Ouen et le stade Bauer pourraient en être les pionniers ?
Le Collectif Red Star Bauer est donc, plus que jamais, déterminé à convaincre les élus de la Ville de Saint-Ouen de mettre en œuvre ces préconisations pour permettre la rénovation du stade Bauer et, surtout, de faire barrage au projet irresponsable du Président HADDAD, basé sur un modèle déjà dépassé.
COLLAGE D’AFFICHES DANS SAINT-OUEN
A l’issue de la réunion, une vingtaine de supporters de l’étoile rouge se sont retrouvés pour un affichage dans les rues de Saint-Ouen.
Après une rapide mise en place tactique du coach Karim avec paperboard et feuille de route à l’appui, les 4 équipes ainsi formées s’en vont déambuler joyeusement sur le pavé Audonien, plus convaincus que jamais que leur combat pour un stade et un foot populaire est légitime.
De Debain au vieux Saint-Ouen, en passant par le marché Ottino, Cli-Cli et la mairie, une marée verte et blanche recouvre chaque pan de mur libre.
Merci à ceux qui ont pu se déplacer et aux autres qui nous ont soutenus. Le nombre grandissant des motivé(e)s nous montre bien que les supporters se battront pour défendre leur stade.
RED STAR – BOULOGNE SUR MER
Après cette journée bien chargée, chacun espère une belle prestation des verts et blanc pour bien finir.
Ça discute du départ laborieux des petits gars chez Akli, ça s’interroge sur la compo et ça boit des étoiles rouges pour se chauffer le larynx.
Cros et Ben Amor touchés, c’est Fardin qui jouera derrière avec Allegro. On note le retour de Sarr dans le 11 et l’éviction de Ricca. On se dit que le 1er doit être Diego à l’entrainement et que le 2nd doit être un de ces sénateurs qu’évoquait Fournier à l’issue de la défaite de Luçon.
Le match est plutôt fermé en 1ère mi-temps, les 2 équipes semblant assez timorées. En fin de 1ère mi-temps Boulogne ouvre le score suite à un centre venu du côté gauche du but.
En 2nde période, le Red Star aura de nombreuses occasions, sous l’impulsion d’un très bon Oudrihri mais n’arrivera jamais à conclure, à la fois par maladresse (17 tirs au but dont 2 cadrés) que par les efforts d’une équipe Boulonnaise qui n’a rien lâché.
3ème match à Bauer et toujours pas de but donc, le Red Star s’enfonce un peu plus dans la zone des relégables et peine à répondre aux attentes créées par un recrutement clinquant.
Pas sûr que Luzenac, sans Ielsch, blessé, et Oudrihri, suspendu, soit le meilleur endroit pour se relancer mais, sait-on jamais, l’Étoile Rouge et la logique sportive ne se sont jamais bien entendus…
Je suis éloignée de Saint-Ouen,( j’habite en Savoie) mais j’ai vécu à Saint-Ouen pendant 23 ans et pour moi Bauer est ancré dans la mémoire collective de la ville. Donc, je soutiens votre action et je m’y associe.
Sportivement votre
Françoise
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BRAVO !!!!!!!!!!!!!!!!!!
Lors du prochain match je m’inscrirai à votre collectif de défense de NOTRE stade Bauer !
« Une idée devient une force lorsqu’elle s’empare des masses. » Karl Marx
Magnifique article et magnifique lettre de Bernard Dubois, ça met sa claque…et ça rebooste pour une tribune Rino Della Negra ! Bauer, bastion historique antifasciste !
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